Départ de Contrecoeur, un peu à contrecoeur…
En ce vendredi 1er septembre, nous ne faisons guère plus qu’une vingtaine de kilomètres et pourtant, nous changeons littéralement de « petit monde » en arrivant à Verchères, membre de l'association des plus beaux villages du Québec depuis 1999 et ville natale de Madeleine de Verchères: elle est un peu comme notre Jeanne d’Arc nationale et s’est illustrée en 1692, en défendant huit jours durant le fort de Verchères devant l’attaque des Iroquois, elle n’avait que quatorze ans !
(la statue de Madeleine de Verchères : 3,87 tonnes, 6,5 mètres, 15 avec son socle symbolisant le fort, érigée en 1913, elle reste la statue représentant une personne la plus imposante du Canada)
Nous avons sympathisé avec un couple de cyclistes qui ne pouvait pas vraiment nous aider, étant donné qu’ils habitaient plus loin, à Boucherville. Je suis allée m’adresser à la petite clinique où nous avons été reçus par une aide-soignante apparemment effrayée par nous. J’ai cru qu’elle allait s’évanouir de terreur, je ne comprends pas pourquoi, nous étions polis, souriants…
Mais nous n’avions plus à nous angoisser de trouver ou non un logement pour cette halte, puisque nous n’étions qu’à deux étapes de la fin, et l’expérience récente nous a appris à passer outre ce sentiment d’angoisse habituel, nous sommes assez confiantes pour savoir qu’avant la fin de la journée, nous aurons trouvé un toit sous lequel dormir, ou un jardin où nous pourrons planter la tente… c’est comme si nous avions toujours vécu en nomades, en vivant au jour le jour au grès des rencontres…
Comme prévu ensuite, nous allons faire un tour à la mairie : je garde les vélos tandis que Sibylle entre se renseigner… A côté de moi, un maraîcher d’une soixantaine d’années vend ses fruits sur une remorque de tracteur et nous entamons la conversation.
L’air jovial, nous restons discuter avec lui pendant presque trois heures.
Finalement, nos sommes restées avec ce maraîcher, Pierre, qui allait nous apprendre énormément de détails purement québécois, et que nous aurions sans doute oublié dans notre observation du Québec!
Je ne sais pas par où commencer… je ne ferai que résumer le personnage. Pierre possède le plus gros tiers de l’île Marie où il cultive de tout… il vend ensuite ses récoltes au bord de la route, là où nous l’avons rencontré. Avant cela, il avait dirigé une champignonnière qu’il a revendue. Il est aussi responsable de l’un des trois chasses-neiges de la région, et doit en période de neige, effectuer deux tournées par semaine, de quatorze heures chacunes, afin de dégager les principales routes, de construire des ponts de fortune, et d’installer toute la signalisation routière hivernale! En plus, il est passionné de motoneige, et organise avec son club des virées de plusieurs semaines à travers la province… Par ses histoires, il nous a un peu fait partager les sensations que procurent ces voyages en Ski-Doo… Sinon, notre personnage chasse de temps en temps sur son terrain insulaire, et nous a improvisé un cours sur les différents fusils et cartouches (su vous saviez la taille d'une cartouche pour chasser l'orignal! pauvres bêtes...) … j’oublie beaucoup d’autres facettes de Pierre, mais il nous pardonnera !
(chevauchant fièrement la motoneige de Pierre) C’est incroyable les rencontres que l’on peut faire sur une simple trottoir !
… Nous avons beaucoup filmé, et je crois que l’organisation du réseau des Chasses-neiges de cette partie de la Montérégie mérite un article à part entière ! Nous avons passé le reste de la soirée à parler de tous ces aspects très différents de la culture québécoise, avant de nous écrouler de sommeil, Sibylle dans le petite chambre d’amis, et moi sur la moquette du bureau…
Lever un peu avant sept heures, et nous partons à bord de la barque à moteur de Pierre, en compagnie de son ami Gabriel, afin d’aller visiter l’exploitation sur l’île.
(en haut : Gabriel, l’ami de Pierre. Sur l’autre photo : Pierre et moi avec un gros bateau derrière qui fonce sur nous !)
Pierre nous ramena chez lui pour récupérer nos affaires (il abandonna un moment son ami Gabriel sur l’île). Sur la traversée du retour, nous sommes passés avec notre modeste embarcation entre deux immenses cargos qui se croisaient, en passant sur la vague produite par l’un d’eux… que de sensations ! De là, nous pouvions apercevoir au loin l’étendue de Verchères encore un aperçu original du Québec !
Sur les conseils de Pierre, mais aussi du couple rencontré la veille, nous avons pris la route da Varennes via le long rang dit « des hautes Terres Noires »…
Encore une ville, des visages et des aventures appartenant désormais au passé, que de choses apprises, que d’enrichissements, quelle chance ! Difficile maintenant de se dire que ce genre d’expérience nous est réellement arrivée… et pourtant, elle s’est bien passée…